04/02/2019
All, Loisir, Voyage
L’Epicerie du Coin, Kanagawaken, Yokohama – pour la Timidité
Le 1er jour n’était vraiment pas évident. Tu es allé à l’épicerie du coin derrière la rue marchande de Motomachi pour acheter une carte de téléphone prépayée. Tu as pointé le téléphone du doigt en imitant l’appel de la main. Mr Nishimura n’a rien compris. Tu avais chaud et te sentais un peu étourdi (il faisait 37 degrés et très humide). Tu t’es senti idiot.
Un sentiment désagréablement familier fit écho à la honte du gros blanc que tu as eu lors ton premier exposé à l’école primaire ; au malaise des soirées universitaires où tout le monde semblait avoir des plans et tu n’étais pas sûre si tu pouvais demander de te joindre à eux.
Avec le temps, tu as appris comment éviter ces situations inconfortables (bien que certaines personnes semblent les naviguer sans le moindre gêne). Tu parviens à gérer ta timidité et ta crainte d’être le centre de l’attention. Quand l’inconnue menace et pointe son nez, tu trouves refuges en te retirant. Tu ne demandes jamais des directions à un passant dans la rue, l’idée de te présenter à un groupe de personnes en soirée est terrifiante. Mais à présent, tu commences à te fatiguer du revers de cette stratégie de survie : son prix est trop élevé.
Au Japon, tout t’est inconnu. Evidemment que tu ne maitrises pas l’étiquette ! Tu es si loin de passer inaperçu que ça en est drôle. La timidité n’est plus une option viable. Tu t’affiches déjà tellement…
Donc tu retournes à l’épicerie. Tu retires de l’argent à la borne (qui a une option en anglais). Tu achètes des chips saveurs wasabi et tu fais un grand sourire à Mr Nishimura. Tu commences à apprendre à avoir un peu plus confiance en toi.
En apprenant à dépasser ta timidité et pas juste à l’éviter, tu pratiques une compétence vitale. Un séjour qui te plonge dans un style de vie si différent à ta routine usuelle, est le contexte idéal pour exercer la confiance en soi (qui relève vraiment de la compétence et non d’une bonne ou mauvaise chance). Tu ne loges pas dans une chaîne d’hôtel. Tu as loué l’appartement du charmant Kazutaka, près des merveilleux jardins Sankeien.
Aujourd’hui tu as acheté un paquet de Chokobi, des petits biscuits chocolatés en forme d’étoiles. Tu as fait une blague à propos de la pluie. Tu as dit « ame desu » en montrant tes cheveux trempés du doigt. Tu l’as pratiqué après le petit-déjeuner en espérant que ça signifie bien « il pleut ». Mr Nishimura t’a souri. Ça corrige ta vision du monde héritée du passé : tu réalises que cet oncle qui était si difficile à amuser et qui te faisait passer pour un moins-que-rien, n’est pas la norme…
Tu cultives une compétence essentielle qui manque à ta vie.